Doctor please ! I have a problem... - Hoon Park

Eh merde… Là c’est la partie que j’aime le moins… Bon je vais être honnête, j’ai pas envie d’en parler, mais je suppose que j’ai pas trop le choix. Je vous passe ma naissance hein, mais quand j’étais gosse, genre mon père est tombé amoureux d’une femme. Jusque là, rien d’anormal de vouloir refaire sa vie après un divorce dans les règles de l’art. Le problème ? Cette femme était originaire de l’autre Corée, la Corée du nord. Donc du coup je suis partis avec mon père là-bas pour faire sortir cette femme de là. Je vous cache pas que c’était une idée de merde et on est restés là-bas plus longtemps que prévus, genre des années. Mon père a travaillé là-bas en tant que chirurgien et moi j’ai suivis ses pas dans les études où, sans vouloir me vanter, j’étais plutôt doué même si je manque d’expérience. Y avait pas de matériel à la pointe de la technologie, du coup on faisait avec les moyens du bord. Les expériences sur les humains pour apprendre l’anatomie était monnaie courantes, les horreurs que j’ai vu là-bas… Je veux plus jamais y retourner. Je suis peut-être devenu un excellent chirurgien, mais j’ai vu trop d’horreurs pour vouloir rester là-bas. Enfin, au bout des presque 15 ans de planification on étais fin prêt à s’évader de cette prison géante. On avait repérés une forêt près de la frontière où même si on étaient repérés on aurait une chance de les semer. Sauf que le plan à pas super bien marché. Mon père s’est pris une fléche dans la jambe et s’est vu contraint d’abandonner ses rêves de liberté, mais il me poussa à suivre sa voie. J’abandonnais donc mon père à son sort… Encore aujourd’hui je m’en veux terriblement, je ne suis qu’un lâche.

En Corée du sud, j’ai revus ma mère, elle m’a accueillis un temps, mais j’ai rapidement voulu être autonome, travaillant dans un hôpital malgré les préjugés qu’on a eut sur moi et d’où je venais. J’ai rapidement repris mes marques, renouant avec la musique et la danse. Cependant, au fond de moi, le sentiment d’avoir laisser mon père derrière moi était lourd à porter. Je sortais le plus possible, essayant de m’amuser, boire, chanter et danser autant que je le pouvais pour oublier. Oublier cette honte, oublier tout ça… Malheureusement, mes nuits sont souvent ponctuées des tourments accablants de ma lâcheté. Ma belle-mère ne croyait pas en la mort de mon père, mais je doute qu’il soit en vie, un homme qui essaye de s’enfuir est envoyé en camps de concentration et mourait généralement là-bas. Elle ne lâchait cependant pas l’affaire et elle en est morte en tentant de retourner là-bas. L’amour vous fais faire des choses vraiment stupides…

Ma mère s’inquiétait de me voir ainsi, à oublier de la façon dont je le faisais. Je ne pouvais pas lui en vouloir, elle a promis de me protéger depuis que papa est mort là-bas. Je crois qu’elle a raison, au bout de bien 3 ans de retour à la vie « normale » je ne me sens toujours aussi mal par rapport à tout ça. Je me sens trop proche, malgré mes efforts, de la Corée du nord pour oublier. Et puis faut dire qu’en Corée on cherche plus le bénéfice que soigner et ça m’énerve de classer les patients suivant leur richesse. J’ai donc tout naturellement cherché une destination, si possible la plus éloignée de Corée, où je pourrais recommencer à zéro, devenir celui que je veux être et ce que mon père aurait voulu que je soit : un médecin qui sauve des vies, si possible le meilleur.

Fuir quelque chose de douloureux c’est difficile et le monde vous semble si petit, à croire qu’il ne vous laissera jamais passer à autre chose. J’ai pensé à l’Europe, mais aucun pays ne m’attirais réellement, je voulais éviter les USA à cause de leur politique médical trop proche de la Corée. Puis j’ai remarqué une île, Quederla. J’avoue que j’étais un peu sceptique, mais mon passé est trop lourds ici, donc j’ai appris le quederlien pendant deux ans, je n’ai que les bases mais ça devrait être bon pour commencer et puis dans le milieu médical on communique surtout en anglais et là je suis bon. J’ai d’ailleurs entendu parler lors de mon voyage jusqu’à Quederla d’une guerre. Je vous cache pas que je suis pas fan, mais qui dit guerre dit souffrance. Alors je vais me retrousser les manches et devenir un si bon médecin qui sauve tellement de vies que mon père ne pourra être que fier de là-haut. Quederla, me voilà !